Ces esprits qui hantent l’hôpital militaire

Catégorie Idées | Histoire & Patrimoine / Publié le 26 Novembre 2017

« C’est en voyant ces lianes qui traversent les murs et ont envahi le lieu que nous avons été inspiré. » Il fait sombre, les vieilles pierres suintent, les premiers essais avant Porlwi by Nature débutent. Kim Yip Tong, artiste-designer mauricienne membre du collectif electrocaïne, est fascinée par ce bâtiment abandonné. « Nous avons imaginé que les plantes avaient repris cet espace. Elles vivent secrètement, tranquillement. Vous entrez dans l’hôpital militaire et ce monde caché se révèle aux yeux des hommes ». Bienvenu dans l’hôpital militaire ! 

Vestige en ruine de l’histoire de Port-Louis, l’hôpital militaire, blottit entre le site d’Aapravasi Ghat et l’immense grenier du port, est en souffrance. Construit en 1740 comme hôpital de l’armée, les bâtiments ont aussi servi, avant la construction d’Aapravasi Ghat, à accueillir les premiers migrants ‘engagés’. Les belles pierres font aujourd'hui de la résistance mais peinent à protéger ce site magnifique. Dans l’annexe, côté nord, des racines pendent du plafond. Elles proviennent du toit ! Une plaque dorée, visible au fond du rez-de-chaussée, annoncent fièrement la rénovation de ce bâtiment en centre d’art. C’était en 2011 et rien ne s’est passé. Triste constat. L’hôpital militaire, abandonné, peut croire en un avenir meilleur, comme l’atteste le projet de réhabilitation, très proche d’être concrétisé, entre le grenier et l’hôpital militaire. En attendant, le festival Porlwi continue son combat pour mettre en lumière les plus beaux sites patrimoniaux de notre capitale. La prison et le théâtre hier, la citadelle et la zone du grenier aujourd’hui, vont ressusciter, le temps du festival. Focus sur ‘Beyond the visible’ expérience sensorielle du collectif mauricien electrocaïne, et ‘Nature illuminated’ de l’artiste sud-africaine Meghan Judge.

Nous sommes à l’hôpital militaire, dans sa partie nord (l’autre partie accueillera notamment une performance à ne pas manquer des frères Jospeh), habituellement utilisée en parking. A l’extérieur, sur la façade, une projection vidéo, entre animation et mapping, illumine le bâtiment. « J’ai voulu créer le feeling que l’humain et la nature ne font qu’un, que nous sommes une composante de la nature » nous raconte, lors des premiers essais, Meghan Judge. L’artiste sud-africaine était déjà venue à Maurice, c’était en avril dernier lors d’une résidence artistique avant l’exposition ‘Partage’. « J’ai tellement entendu parler de Porlwi lors de mon premier voyage à Maurice que j’ai tout de suite envoyé ma candidature pour participer au festival. »

A l’intérieur du bâtiment, l’atmosphère est envoûtante. Le collectif artistique electrocaïne, déjà auteurs de prestations remarquables sur Porlwi (mapping intérieur du théâtre de Port-Louis lors du lancement du festival ou encore animation interactive du mur street art des réunionnais Kid Creol & Boogie l’année dernière…) va hanter les lieux du site le plus ancien de Trou Fanfaron. Une expérience immersive.

Sur la gauche, des fleurs s’animent au bout de racines de banyans. Kim Yip Tong signe ‘flower whisper’, « ou l’impression d’entendre un langage invisible entre les plantes et les insectes qui communiquent entre eux », nous raconte-t-elle dans l’obscurité de l’hôpital. 

Sur la droite, Karen Pang. L'artiste-photographe établie entre Shanghai et Maurice nous emporte au milieu d’espèces endémiques de Maurice, comme le pink pigeon et le cardinal de Maurice, et d'autres disparues comme le dodo et la tortue géante. « J’ai dessiné un univers habité par des animaux endémiques de Maurice, qui vivaient, autrefois, en harmonie sur notre île. Chaque espèce apparaîtra peinte sur un support, avec des jeux de lumière, comme un set de théâtre », nous dévoile Karen Pang, membre elle-aussi du collectif electrocaïne.

L’expérience est aussi sonore avec une composition musicale très atmosphérique signée Woreka : « Le son est commun aux deux espaces. Il s’interprétera différemment selon ce que l'on regarde », nous précise Avneesh, tête pensante d’electrocaïne, qui nous rappelle que le collectif « rassemble le travail d’artistes de divers horizons et métiers; electrocaïne intervient comme une sorte de ‘curator’ sur l’hôpital militaire. Nous avons voulu créer une expérience au-delà du visible., ressentir l’esprit de l’île, de ces fleurs… ». Frissonnez, l’hôpital militaire et ses esprits vous attendent du 29 novembre au 3 décembre !

Allez + loin : Avneesh aux mains d'argent

Retrouvez les photos de l'hôpital militaire et les coulisses du festival Porlwi by Nature sur notre page Instagram.

Victor GENESTAR - Requiem for a Dream
Un nouveau son, une expo, un ciné ? Méfiez-vous tout lui tient à cœur ! Avec sa plume aiguisée, quand tombe le verdict, c'est "L'amour et la violence"...

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